57%

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57%, quand il s’agit d’une élection, c’est écrasant. Quand c’est pour une remise, ou une promotion c’est que quelque part, quelqu’un a sorti la tronçonneuse, comme l’avait promis le chancelier Merz. Mais quand il s’agit des ESRS, c’est la (double) matérialité de la simplification qui s’exécute.

 

Quand la Commission européenne a fait le vœu de la simplicité, poussé par différents gouvernements et organisations patronales, l'EFRAG s'exécute. C'est l'histoire de la CSRD, initiée en avril 2021 et publiée en fin d’année 2022. Cette grande dame du reporting de durabilité qui se voir tailler des croupières pour le bien de ses utilisateurs, au nom de la fameuse double injonction : simplification et productivité.

 

Le 31 juillet 2025, l'EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) a publié sa proposition de simplification des normes ESRS. Un geste attendu, mais qui prend l'ampleur d'un tsunami chiffré : -57 % de points de données, -55 % de pages. Derrière ces pourcentages, une volonté de rendre les normes « plus accessibles et plus faciles à mettre en œuvre », dixit l’organisation, en particulier pour les entreprises qui vont devoir s'y plier pour la première fois.

 

Le fil d'Ariane de la simplification : une méthode en deux temps

Pour Patrick de Cambourg, président du conseil de reporting de durabilité de l’EFRAG, c’est une double ambition avec cet exercice : réduire la charge administrative sans compromettre la qualité du reporting. Un équilibre délicat, que l'EFRAG a cherché à atteindre via une méthode en deux temps :

  • une approche « bottom-up », qui a passé au crible chaque point de données pour évaluer sa pertinence ;

  • une approche « top-down », qui s’est appuyée sur six leviers, dont le renforcement de la double matérialité, l’amélioration de la lisibilité des textes et l’interopérabilité.

La mort des points de divulgation « volontaires »

La principale révolution de cette proposition est la disparition totale des points de données « volontaires ». Un choix radical, mais qui fait sens pour l’EFRAG. Si l’on peut penser que cette liberté offerte aux entreprises leur permet d’aller au-delà des exigences minimales, principe même des normes ISO 26000 et 20400, l'EFRAG a fait le constat inverse : la confusion générée par ces points de données l'emportait sur la pertinence de leur utilisation. C’est la fin d’une époque, mais un pas de plus vers la clarté, à l’équivalent d’une lampe torche dans une forêt.

Un calendrier serré, une mobilisation attendue

Le grand public peut faire entendre sa voix jusqu'au 29 septembre 2025. Une consultation publique qui promet d’être fructueuse, si l’on en croit les précédents. L'EFRAG aura ensuite jusqu’au 30 novembre pour remettre son avis technique à la Commission, qui, elle, devrait publier l’acte délégué révisant les ESRS pour la mi-2026. L’histoire de la CSRD, décidément, n’a pas fini de s’écrire avec ou sans tronçonneuse.

Vincent Leroux Lefebvre, Expert Achats Responsables AFNOR

 

Retrouvez l’ensemble des publications de ce rendez-vous éditorial «Mister chiffre » 

 

    • Yves Garenne
      Yves Garenne

      Je pense que les émissaires de la GRI au sein de l'EFRAG ont du s'étrangler…, mais à l'inverse, cela redonne-t-il de la valeur à la GRI en tant que norme réellement volontaire ?

      D'ailleurs réduire de 57% les points de données de l'ESRS, on s'en rapproche en volume, mais pas forcément en sémantique. Rappel, la GRI recommande a minima l'analyse de simple matérialité depuis 2012 !

      • Antoine PETITJEAN
        Antoine PETITJEAN

        Je croyais que la tronçonneuse c'était plutôt Javier Milei ☺️