La prévention des risques

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Dans le ROME, il est écrit que le responsable qualité doit « élaborer des actions ou des règles de prévention ».

 

Dans la mesure où la fiche H1502 est unique pour à peu près tous les postes de la sphère qualité, sécurité, environnement, on pourrait penser que cette mission se limite à la dimension « sécurité » du poste.

 

Une activité fondamentale

Mais si on réfléchit un instant à ce que signifie « manager la qualité », on voit que c’est avant tout identifier les risques qui pèsent sur l’organisation. Risque de ne pas satisfaire le client, risque de ne pas réaliser le produit prévu, risque que le projet n’aboutisse pas, etc. « Il est toujours moins cher de bien faire le travail du premier coup », écrivait Philip Crosby[1] : cette évidence devrait être gravée dans le marbre à l’entrée de tous les lieux où l’on produit de la valeur – autrement dit : partout.

Il est donc indispensable de tout faire pour ne pas avoir à recommencer. Cela suppose en premier lieu de se poser la question simple suivante : « Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? » Ensuite, on identifie ce qu’il faut mettre en place pour que tout se passe bien, et on met en œuvre cette solution.

Il existe pour cela de nombreux outils aux noms barbares, de l’AMDEC[2] au PESTEL en passant par l’APR, le SWOT, l’EvRP et bien d’autres. Tous ne sont pas faciles à mettre en œuvre, et lorsqu’ils sont mal utilisés, ils donnent des résultats non pertinents.

 

Un profond changement de mentalité

La norme ISO 9001 fait la promotion de « l’approche risques », sans réellement expliquer ce qu’il faut entendre par là. Pourtant, il faudrait que l’approche risques soit le huitième principe fondamental de la qualité. Toutes les procédures, tous les modes opératoires, tous les contrôles ne devraient être faits que dans le but de maîtriser un risque préalablement identifié. C’est vrai en matière de sécurité, d’environnement, de qualité comme en matière de développement commercial ou de politique achats !

L’entreprise a un objectif stratégique ? Alors elle doit identifier les obstacles qui pourraient se dresser sur son chemin. Ce sont les risques. Les obstacles qui se dressent déjà sur le chemin sont les contraintes, qui font partie du contexte.

 

La question est donc : jusqu’où le responsable QSE doit-il étendre son activité « d’élaboration des activités ou des règles de prévention » ? On se limite à « la qualité », ou bien on va aider l’ensemble des pilotes à travailler sur leurs risques ?

 

Hubert Bazin, consultant en management

 

 

Retrouvez l’ensemble des publications de ce rendez-vous éditorial « QSE : Tous les chemins mènent au ROME »

 


[1] Philip B. Crosby, 1926-2001, consultant en management, auteur notamment de La Qualité, c’est gratuit (Economica, 1986) et La Qualité sans larmes (Economica, 1986). Autre citation à méditer : « Toutes les non-conformités sont causées. Tout ce qui est causé peut être prévenu. »

[2] AMDEC : analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité ; PESTEL : analyse des dimensions politique, économique, technologique, environnementale, légale ; APR : analyse préliminaire des risques ; SWOT : Strenghts, Weaknesses, Opportunities, Threats (ou forces, faiblesses, opportunités, menaces) ; EvRP : évaluation des risques professionnels.

    • Michel ROMAND
      Michel ROMAND

      Complètement d’accord. ”On ne doit pas tous craindre mais on doit tout préparer ” Richelieu.

      Et, à la question  ”qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?” je rajoute son corolaire ”qu’est-ce qui pourrait mieux se passer ?”

      La norme Iso définit le risque comme étant négatif et positif, autrement dit ”menaces et opportunités”.